En milieu rural, en dépits des lois et dispositifs pris, les VBG ne cessent de se multiplier. Souvent légitimé par la tradition, les femmes ont fini par normaliser ce que la loi juge comme étant de la violence. Elles ont par ailleurs un accès limité, voire pas du tout, aux structures de prise en charge mais également aux services capables d’appliquer la loi.
En effet, cette recherche dans la région de Ziguinchor montre que les femmes et les jeunes filles sont les plus touchées par les VBG. Les violences verbales sont certes plus présentes mais les cas de violences physiques et sexuelles ne manquent pas. Elles se manifestent davantage dans l’espace familial tout en étant visible dans d’autres milieux. On note une sous déclaration des formes de violences physiques et sexuelles qui relèvent souvent soit de la méconnaissance soit de la banalisation des actes posées par les auteurs désignés. Hormis la peur de la stigmatisation et la méconnaissance des procédures et des institutions travaillant avec les victimes de violences sexuelles ou physiques, la recherche montre que l’absence de dénonciation s’explique par la prévalence des règlements à l’amiable qui n’empêchent pas la récidive. Aussi, le poids des pesanteurs « socioculturelles » a comme conséquences « l’invisibilisation » des violences sexuelles au sein de ces milieux. Le recours au règlement à l’amiable demeure la pratique la plus utilisée en cas de viol, alors même que ce type d’infraction dépasse la compétence des médiateurs désignés. De plus, les violences sexuelles sont perçues par la population de manière restreinte et se limitent qu’au viol. Ce qui fait que, les formes de violences les plus dénoncées et prises en compte sont les violences verbales, les violences physiques et dans une moindre mesure les violences sexuelles.
Par ailleurs, en plus de clarifier les interventions des centres d’accueil et de prise en charge, leur importance a été montrée dans le dispositif d’accompagnement des victimes. Les responsables des centres ont su mobiliser des partenaires institutionnels et communautaires pour leur faciliter le travail. Ensemble, ils forment un cercle où chacun a un rôle à jouer. Quand certains facilitent l’accès à des services qui autrement ne seraient pas disponibles (sage-femme, gynécologue, huissier, avocat, psychiatre, procureur…), d’autres s’attèlent au référencement dans la communauté et à la recherche de solutions urgentes. Aussi, la médiation souvent utilisée en cas de violences, autres que celles sexuelle ou avec coup et blessure, se présente comme un processus en cohérence avec les valeurs de maintien des liens familiaux qui semblent centrales dans l’intervention de ces différentes structures. Elles soutiennent par exemple, que la place des enfants ou des adolescents est dans la famille et qu’il faut travailler à la renforcer et faire que les relations y soient apaisées.
Pour lutter contre les VBG, certaines recommandations peuvent être émises. Il est nécessaire de :
-renforcer les campagnes de sensibilisation pour une meilleure connaissance des manifestations des VBG qui aura pour conséquence une meilleure prise de conscience des communautés. Ce travail pourrait se faire à partir des résultats de la recherche ;
-travailler d’avantage à l’autonomisation des femmes du milieu rural car la pauvreté et la dépendance les exposent plus que d’autres à toutes formes de violences ;
-consolider la présence des acteurs communautaires au sein des zones d’intervention afin que les populations puissent facilement s’y référer en cas de VBG ;
-outiller les relais communautaires sur les techniques de communication pour faciliter la dénonciation anonyme et confidentielle et une prise en charge des victimes et survivants des VBG.