CARILLON, S., HANE, F., Bâ, I., SOW, K.DESCLAUX, A., (2021).Mouvements, 105, 92-103. La réponse communautaire à la pandémie de Covid-19 au Sénégal : un rendez-vous manqué ?.
Au Sénégal, nombre d’acteurs et actrices de la santé communautaire se sont engagé·es précocement dans la lutte contre la Covid-19. Leurs réponses, conçues à partir des besoins des populations et des possibilités sur le terrain, se sont inspirées de ce qui avait fonctionné contre d’autres épidémies, comme celle du VIH ou celle du virus Ebola. Malgré leur efficacité, ces initiatives ont été entravées à la fois par les cadres du gouvernement sénégalais et ceux issus des institutions de santé globale. Une situation exemplaire des limites de la démocratie sanitaire en contexte de crise épidémique.
JAFFRE Y., HANE F., KANE H., (2020). « Une épreuve de dignité : regard anthropologique sur les réponses à la Covid 19 en Afrique de l’Ouest », Alternatives Humanitaires, n° 14Juillet, 96-113
Vue d’Afrique et vécue en Afrique. C’est à cette double lecture que se livrent les trois auteurs dont l’analyse anthropologique permet une mise en perspective salutaire dans la manière dont la pandémie de la Covid-19 a été appréhendée par les populations, les scientifiques et les politiques. Elle offre aussi – et peut-être surtout – une lecture fine des représentations mobilisées comme des revendications de dignité qui se sont exprimées.
GOUDIABY, J. A., (2022). « Quand l’école se déplace à la maison. Contours et enjeux du dispositif « Apprendre à la maison » au Sénégal » In WEISS, P.-O & ALÌ, M. L’éducation aux marges en temps de pandémie : précarités, inégalités et fractures numériques, Pointe-à-Pitre, Presses Universitaires des Antilles, pp. 107-131.
Face à la propagation de la COVID-19, les écoles ont été fermées au Sénégal dès le 16 mars 2021, posant ainsi la question de la continuité pédagogique, de la consolidation des acquis, des apprentissages, du devenir des scolarisés, de la résilience des systèmes et des modelés d’éducation et de formation. Ainsi, pour assurer la poursuite des activités pédagogiques et rendre le système éducatif plus apte à faire face à d’éventuelles crises, le ministère de l’Éducation nationale sénégalais (MEN) a mis en place un plan de Riposte résilience du sous-secteur qui comprend l’initiative «Apprendre à la maison» devant permettre l’enseignement à distance. Des cours sont ainsi dispensés à la télévision et dans les radios communautaires, sous forme de vidéo et diffusés sur Internet, sous forme de polycopiés et distribués aux apprenants. L’école s’est donc déplacée à la maison, dans cet espace non prévu pour les activités d’apprentissage scolaire formelles. Aussi, dans cette marge, les familles sénégalaises se sont organisées pour s’adapter au cadre nouveau du système de transmission du savoir pédagogique. Elles ont également développé des actions pour faire face au besoin de formation des enfants. Ces différentes actions et attitudes s’incrémentent dans des contextes et configurations familiales et socioculturelles spécifiques. L’école s’est donc déplacée à la maison qui n’est pas le lieu habituel des activités scolaires. Comment cette marginalité a-t-elle fonctionné? L’interrogation sur le dispositif ainsi que la mobilisation des environnements familiaux permettent de mieux comprendre la pertinence des actions posées et de mesurer le degré …
GOUDIABY, J. A., DIOP, B. & DIALLO, B., (2022). Écoles publiques et écoles privées au Sénégal : des réponses différentiées face à la Covid-19. L’éducation En débats: Analyse comparée , Vol. 12, n°1, pp. 72–92.
Les études sur les inégalités en éducation en Afrique francophone constituent des thèmes de recherche en développement. Au Sénégal, après le débat sur la démocratisation quantitative liée à l’accès et au maintien des enfants à l’école, la question de la qualité est de nos jours au centre des préoccupations. La libéralisation du secteur de l’éducation dans les années 1990 ouvre de nouvelles formes d’inégalités entre le privé et le public. Avec l’arrivée de la pandémie de la Covid-19, les inégalités se voient renforcées, car les établissements n’ont pas les mêmes ressources et capacités d’adaptation. Ainsi, seront analysées les réponses différenciées des établissements publics et privés. À partir de données qualitatives et quantitatives collectées, entre novembre 2020 et avril 2021, on peut voir que la mise en œuvre du protocole sanitaire et de la continuité pédagogique confirme les meilleures dispositions des écoles privées catholiques et laïques élitistes à s’adapter à la crise, compte tenu de leur histoire, de leur mode de gouvernance et de leurs moyens financiers ainsi que de ceux des familles.
JACQUEMIN, M., MONDAIN, N., GOUDIABY, J. A., (2023). Repenser l’accompagnement scolaire des filles au Sénégal: la Maison de l’éducation à Ziguinchor comme dispositif de (re) mise à l’école. Education et Société, Numéro 1, Ed. Cairn/Softwin, pp. 131-147.
Malgré les progrès réalisés en matière de parité filles-garçons dans l’accès et le maintien à l’école en Afrique, des inégalités persistent comme au Sénégal où les normes sociales de genre dominantes exposent davantage les filles que les garçons au cumul de sollicitations familiales et sociales, entre travail rémunérateur et travail domestique. Plutôt que de se limiter, comme la plupart des programmes en place, à retenir dans le système scolaire des élèves à risque de décrochage ou à favoriser l’accès à l’école des filles dès le plus jeune âge, le dispositif de la Maison de l’éducation (MDE), mis en place depuis 2014 à Ziguinchor par l’association Futur au présent, vise, en les accompagnant durant tout le cycle élémentaire, à permettre le retour à l’école publique de filles qui en sont déjà sorties ou d’un âge trop avancé pour y entrer normalement. Cet article prend appui sur une étude qualitative des trajectoires …
MONDAIN, N., GOUDIABY, J. A., (2022). Décoloniser les pédagogies universitaires au Canada et au Sénégal , Recherches sociologiques et anthropologiques, 53-2. pp 156-176.
Cet article interroge les processus de décolonisation en milieu académique. Or, la décolonisation des pédagogies et des méthodologies de recherche ne constitue pas toujours un acte conscient au départ. Le cas ici analysé concerne une expérience pédagogique de co-enseignement réunissant deux enseignant·e·s-chercheur·e·s, l’un sénégalais et l’autre française, respectivement affiliés à une institution sénégalaise et canadienne. L’article s’attache à montrer comment une démarche décoloniale qui n’a pas été pensée en amont du cours enseigné s’est (im)posée au fur et à mesure du déroulé de celui-ci. Il s’agit alors de questionner cette initiative qui a consisté à “oser” se lancer dans une expérience de co-enseignement, dans un contexte où se manifeste une contestation des pratiques pédagogiques jugées coloniales au sein des universités africaines et canadiennes. Cette contribution interroge ainsi le sens même de la décolonisation des savoirs, des méthodologies et des pédagogies dans un univers marqué par des rapports de domination.